Shopping Hoppenot
19 octobre 2025

J’ai lu : Wesh Madame ?!


Dans Wesh Madame ?!, Myriam Meyer, professeure en collège de Réseau d’éducation prioritaire (REP), raconte sans filtre ses six années d’enseignement dans des quartiers marqués par de profondes difficultés sociales. Elle nous plonge dans un quotidien à la fois éprouvant et bouleversant, entre rires et larmes, insolence et tendresse, chaos et petites victoires.

 

Ce qui frappe d’abord, c’est le vocabulaire fleuri des élèves : tout au long du livre, les paroles d’élèves sont restituées telles quelles, sans censure. Cela donne lieu à une multitude de dialogues hauts en couleur, drôles, parfois choquants, mais toujours vrais. On comprend vite que ces scènes ne sont pas inventées, mais bel et bien vécues : elles traduisent le quotidien d’une classe de REP, avec son lot d’insolences, de chahuts et d’échanges surréalistes.

 

Et heureusement, face à ce capharnaüm, l’auteure ne manque ni de répartie ni d’humour. Elle décortique les comportements de ses élèves avec un regard lucide et une ironie tendre qui désamorce la gravité de certaines situations. 

 

Derrière les mots crus et le langage de cité, on découvre des adolescents perdus, cabossés par la vie. En effet, bien souvent les établissements de REP reflètent aussi une dure réalité : ce sont des enfants parfois livrés à eux-mêmes, souvent en quête d’attention.

Certains vivent dans des situations dramatiques : familles éclatées, pauvreté extrême, violence domestique, parents absents ou incarcérés. D’autres, allophones, se battent courageusement pour s’intégrer. 

On rit de ces perles, de ces références improbables, mais on ressort surtout avec un goût amer de misère humaine et de décrochage scolaire.

 

En tant qu’aesh depuis plus de 12 ans, certains passages m’ont particulièrement parlé. J’ai déjà vécu en classe des situations proches de celles qu’elle décrit : par exemple, ce petit élève de CP qui s’étonnait en pleine lecture que le mot chienne ne soit pas une insulte, mais simplement la femelle du chien. Ces moments, à la fois cocasses et révélateurs, disent toute la distance qui sépare parfois nos élèves du monde des savoirs.

 

Certaines scènes sont épiques, comme les préparatifs d’un voyage scolaire à Rome, ou encore le rendez-vous avec les parents d’Andrea, à la fois jubilatoires et révélateurs des réalités sociales.

Myriam Meyer ne cache pas son épuisement tant l’investissement demandé est important , au point que beaucoup d’enseignants redoutent ces affectations « comme si on les envoyait à la mine ». 

 

Pourtant, malgré les découragements et les craquages, elle a su garder sa bienveillance et sa conviction que le métier d’enseignant est avant tout une vocation : « Les élèves ont besoin qu’on croit en eux ».

 

Et parfois, une petite réussite, un éclat d’enthousiasme, une étincelle dans le regard d’un élève suffisent à redonner du sens.

 

J’ai trouvé ce livre à la fois déroutant et épuisant. Les phrases à rallonge, volontairement saturées, traduisent bien l’avalanche de conflits, de sollicitations et de chaos qu’elle a dû affronter dans ce capharnaüm scolaire.

On sort de cette lecture essoufflé, mais aussi admiratif de ces enseignants qui tiennent bon malgré le manque de moyens et une réalité sociale écrasante.

Grâce à sa verve, son humour et son humanité, Myriam Meyer en ressort grandie, attachée à ces jeunes indisciplinés et je suis convaincue qu’il parlera à tous ceux qui connaissent de près ou de loin les coulisses de l’Éducation nationale.

Commentaires
Shopping Hoppenot
  • 44 ans, 4 enfants, Ambassadrice des Yvelines, je vous partage nos road trips camping, mes lectures, sorties, voyages, du catho, des idées cadeaux et quelques bons plans pour une famille nombreuse
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Indiquez votre email pour recevoir mes articles dès leur publication ⬇️
197 abonnés
Shopping Hoppenot
Suivez-moi
Visiteurs
Depuis la création 2 202 112