Tout commence par un vol. Un vase de grande valeur disparaît lors d'une soirée d’anniversaire dans un quartier huppé parisien, déclenchant une enquête qui sert de prétexte à un retour en arrière. Peu à peu, le roman remonte aux origines des liens d’amitié entre les personnages et met surtout en lumière deux figures centrales ; Céleste et Servane. Les deux jeunes filles, sont liées par une profonde amitié, malgré des origines sociales différentes. 

Céleste vit rue Bonaparte à Paris et évolue dans un milieu privilégié. Servane, issue d’une famille nombreuse qui habite dans la banlieue yvelinoise, à Viroflay, vient d’un univers plus modeste, mais rêve à tout prix d’intégrer la haute bourgeoisie et d’en maîtriser les codes.

Leur adolescence commune, notamment au lycée, est marquée par ce fossé que Servane tente sans cesse de combler. 

Ce qui m’a particulièrement frappée, c’est à quel point elle développe une obsession pour l’égalisation des chances – ou plutôt, des apparences. Servane veut être à la hauteur de ceux qu’elle fréquente, quitte à se donner tous les moyens possibles pour y parvenir. Baby-sitting, jobs d’hôtesse, achats compulsifs de marques parfois inutiles … tout est bon pour coller aux codes de cette jeunesse dorée qu’elle envie.

Le roman m’a touchée non seulement par son regard acéré sur ces dynamiques sociales, mais aussi beaucoup par son ancrage géographique. Paris, Viroflay, la ligne L, les soirées au Duplex, les rallyes parisiens, une brève évocation de shopping à Parly 2… tout cela m’a replongée dans mes propres souvenirs. Il y avait quelque chose d’étrangement familier dans ces descriptions, un écho à une jeunesse que je connais bien.

Ce que l’autrice décrit avec justesse, c’est ce phénomène de désir mimétique, ce besoin viscéral de posséder ce que les autres ont, non pas tant pour le plaisir personnel, mais pour l’image que cela renvoie. Servane ne veut pas seulement s’intégrer, elle veut appartenir, exister dans ce monde où tout semble facile et clinquant. Mais derrière l’apparente légèreté des soirées huppées et des discussions philosophiques parfois creuses, il y a une réalité plus dure : celle des inégalités, de la lutte invisible pour maintenir son rang ou pour s’élever à celui des autres. Et pourtant ce monde bourgeois semble détestable et hautain dans sa retranscription.

Et puis, il y a l’enquête en toile de fond. Ce vase volé n’est qu’un prétexte, mais il installe un doute persistant. Qui aurait pu commettre ce vol ? Et surtout, pourquoi ? À mesure que l’on suit Servane après le bac, qu’on la voit tenter de gommer les différences, de se fondre dans un moule qui n’est pas le sien, une question se pose : jusqu’où est-on prêt à aller pour se conformer à un idéal ?

La phrase que Servane adresse à sa mère « Pourquoi ne m’avez-vous pas dit que la vie est une lutte pour les victoires factices ? » résonne longtemps après la dernière page. Servane aspirait à une vie de grandeur, mais à quel prix ? Et si le doute s’installe, les amitiés peuvent-elles vraiment tenir ?

Un roman percutant qui interroge notre rapport à l’image sociale et la frontière floue entre appartenance et illusion. Et la fin inattendue est un pur bijou.

Finalement, en refermant ce livre, je me suis demandée qui n’a jamais ressenti la pression de devoir se conformer aux codes d’un groupe pour se sentir légitime. Au lycée, moi aussi, j’aspirais à arborer mes Docs Martens, mon jean Cimarron et mon sac Hervé Chapelier, non pas uniquement pour leur style, mais parce qu’ils constituaient un langage commun, un signe d’appartenance. Et j en ai fait aussi des baby-sittings pour cela !

Cette quête d'appartenance, qu’elle se manifeste par des choix esthétiques ou des aspirations plus profondes, trouve un écho chez chacun d’entre nous, selon notre vécu et notre environnement.

Très heureuse de découvrir cette autrice @madeleinemeteyer

Il rejoint ma top liste lectures à retrouver et dans le lien ci-dessous.

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