Certains romans marquent, d’autres bouleversent. Celle que je suis de Claire Norton appartient sans conteste à cette seconde catégorie. Ce livre, d’une puissance émotionnelle rare, nous plonge dans l’enfer de la violence conjugale à travers le journal intime de Valentine, une femme sous emprise, enfermée dans un quotidien fait de peur, de privations et de souffrance.

Mariée depuis seize ans et mère d’un petit garçon de six ans, Valentine est prise au piège d’un mariage qui n’a plus rien d’un cocon familial. Son mari est son bourreau, un homme vicieux, narcissique, dont les humeurs imprévisibles dictent sa vie. Elle vit dans la crainte constante de déclencher sa colère, d’un mot de trop, d’un geste mal interprété. Chaque jour est une bataille silencieuse, une tentative d’éviter le pire, un cauchemar dont elle ne voit pas l’issue.

Ce roman nous ouvre les yeux sur l’engrenage terrible qui maintient tant de femmes prisonnières. On pourrait croire qu’il suffit de prendre son sac et de partir, mais la réalité est tout autre. Claire Norton illustre avec justesse la complexité de cette emprise : la peur des représailles, la culpabilité, les illusions d’un changement possible, l’amour déformé qui subsiste malgré la douleur. Valentine trouve un souffle d’oxygène en sa voisine Suzette, une bouffée d’espoir et d’écoute, mais même cette lueur reste fragile face au poids de la manipulation et de la domination.

La force de ce roman réside aussi dans son réalisme. Certains passages sont d’une dureté glaçante et pourtant, comme nous l’apprend l’autrice en épilogue, ils ont été édulcorés. Imaginer qu’une réalité encore plus brutale existe derrière ces pages est terrifiant. On tremble avec Valentine, on s’indigne, on espère avec elle. Ce livre ne se contente pas de raconter une histoire, il sensibilise, il questionne : comment une femme en arrive-t-elle là ? Pourquoi reste-t-elle ?

Et surtout, il rappelle une vérité essentielle : la violence conjugale ne touche pas seulement une catégorie de femmes. Elle peut frapper n’importe qui, quel que soit son âge, son milieu social, son parcours. Il est crucial de rester vigilant, d’être attentif aux signes, de ne pas détourner le regard.

Claire Norton signe ici un roman poignant, nécessaire, que l’on verrait aisément adapté en film tant les images qu’il dépeint sont fortes et marquantes. Un livre qui ébranle, qui met en colère, mais surtout qui donne à réfléchir. Parce qu’aucune femme ne devrait avoir à vivre ce que vit Valentine.

Ce roman rejoint donc la top liste de livres adorés à retrouver sur le lien ci-dessous.